Au cœur du massif de l’Estérel, ce matin avait le parfum des récits anciens. Le sentier, rouge comme une braise assoupie, nous a guidés vers la mystérieuse grotte de l’Œuf de Bouc, repli secret sculpté par le temps, où l’on imagine encore l’ombre agile de Gaspard de Besse, le brigand au cœur léger, chevalier des chemins, qui connaissait ces roches comme on connaît les replis de sa propre vie.
De là, nous avons poursuivi notre ascension, la garrigue murmurant sous le vent, jusqu’au Mont Saint-Martin qui se dresse comme un balcon sur deux mondes. Devant nous, les Alpes étincelaient d’un blanc presque irréel, gardiennes immobiles d’un hiver lointain, tandis que la mer, très loin, respirait lentement sous la lumière, comme une promesse bleue posée au bord de l’horizon.
Entre ciel et terre, le chemin semblait suspendu, et l’on aurait juré entendre, porté par l’air, un dernier éclat de rire de Gaspard, vagabond libre qui aimait défier l’ordre et les distances, tout comme nous, aujourd’hui, défions la fatigue pour cueillir la beauté du monde.
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